2021 – Semaine 37

Hidalgo, la Mère-Noël des enseignants

 


Bien sûr quand on est candidat à l’élection présidentielle où l’on espère faire un bon score et, pourquoi pas, l’espoir fait vivre, être qualifié pour le deuxième tour alors que l’on n’est crédité, au départ, que de 6 % des intentions de votes, on peut penser que tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. C’est peut-être ce que croit Anne Hidalgo qui a annoncé, en même temps que sa candidature à la présidentielle, qu’elle voulait multiplier « par deux au moins » les salaires des enseignants.
Certes les enseignants sont plutôt traditionnellement de gauche et, s’ils votaient tous pour Anne Hidalgo, ils pourraient lui apporter environ 1,2 million de voix. Mais, outre le fait que cela ne lui ferait gagner qu’environ 3 % des suffrages exprimés, l’on peut se demander ce qu’il resterait à distribuer aux « non-enseignants » si, comme l’affirme le ministre de l’Education, le coût de cette mesure serait de 150 milliards sur 5 ans.
Pour Anne Hidalgo il s’agirait d’aligner, dans un premier temps, le salaire des nouveaux professeurs sur le salaire médian des titulaires d’un bac + 5 et ainsi rattraper le retard que compte le France par rapport à d’autres pays européens comme le Luxembourg et l’Allemagne qui sont les mieux placés en matière de rémunération des enseignants. Ceci peut paraître justifié, bien qu’il faudrait comparer les salaires des enseignants des différents pays en tenant compte du coût de la vie de chaque pays et des différents salaires médians, mais, lorsqu’elle ajoute que cela permettrait de « réduire le nombre de décrocheurs » parmi les élèves l’on ne peut qu’être sceptique car l’on ne voit pas pourquoi, même si les enseignants étaient payés 10 fois plus qu’ils ne le sont actuellement, le nombre de décrocheurs diminuerait.
Quoi qu’il en soit, augmenter les enseignants semble être une préoccupation pour tout le monde, même pour Jean-Michel Blanquer qui s’agite pour voir son champion réélu mais, même en cas d’augmentation substantielle des salaires, des problèmes subsisteront pour cette profession.
Pas forcément le temps de travail même si les enseignants français travailleraient un peu plus que la moyenne européenne avec, par exemple, 44 heures de travail hebdomadaire pour les professeurs des écoles dont 8 heures consacrées à la préparation de la journée de classe et 3 heures 30 à la correction des travaux des élèves, ni les vacances dont peu semblent se plaindre, mais plutôt le manque de considération de la part de leurs élèves que beaucoup d’enseignants endurent, manque de considération qui transforme parfois leur temps de travail en véritable enfer.
Ceci pour dire que si le métier d’enseignant n’est certainement pas le métier le plus pénible, il n’est pas non plus le plus facile et nécessite assurément un certain talent pour être accompli convenablement.
Mais de là à vouloir doubler les salaires des enseignants, et pas ceux d’autres catégories professionnelles qui le mériteraient peut-être autant sinon plus, il n’y a qu’un pas que seule Anne Hidalgo, pour l’instant, a osé franchir.
Ceci étant si elle réussissait, grâce à ce stratagème, à émerger des bas-fonds où elle se trouve actuellement pour parvenir au sommet, nul doute que pour les prochaines présidentielles certains candidats n’hésiteraient pas à nous promettre la Lune.