2022 – Semaine 16

Séisme aux législatives

 


Bien sûr Emmanuel Macron a déclaré : « Il n’y a pas d’accord avec Nicolas Sarkozy » en réponse aux rumeurs selon lesquelles l’ancien chef de l’État aurait négocié son soutien en échange de concessions à la droite sur la formation du gouvernement et les législatives mais l’on se demande bien pourquoi, pour les législatives, Sarkozy aurait proposé des accords grâce auxquels les partis LREM et LR se retireraient en faveur de l’autre dans un certain nombre de circonscriptions (160 ?). Est-ce une manière non officielle pour le parti LR de formuler un souhait ou n’est-ce pas en fait un désir partagé par les 2 partis (LR et LREM) ? Certes le parti LR vient de subir un cuisant échec avec le faible score de sa candidate arrivée en cinquième position et des accords avec LREM lui permettraient peut-être de conserver un nombre satisfaisant de députés mais, à y bien réfléchir, cela profiterait aussi et peut-être encore plus au parti présidentiel qui, après 5 années tumultueuses, risque de ne pas retrouver de majorité, non seulement parce que le nouveau duel Macron-Le Pen en aura irrité plus d’un mais aussi parce que les législatives étant cette année exceptionnellement très tardives, les électeurs, qui auront tout le temps de réfléchir, ne voteront pas forcément pour un candidat LREM, à tel point que Macron, bien qu’il semble y avoir renoncé, avait envisagé un temps de dissoudre l’Assemblée pour avancer la date des législatives, étant donnée la perte de députés que, selon les calculs effectués, ce délai allait entraîner pour son parti.
Il semblerait donc que cette proposition d’accord lancée de manière informelle par l’ancien président LR serait bénéfique pour les 2 partis. Mais lorsque l’on accepte de retirer ses candidats au profit d’un autre parti cela signifie bien sûr que l’on est prêt à gouverner avec lui. Or comme il n’y a pas un océan idéologique entre LREM et LR on peut donc imaginer que si des accords de ce type se concrétisaient, une coalition LR et LREM pourrait voir le jour en cas de besoin, du moins pour obtenir la majorité lors des votes de certaines réformes, si vous voulez un peu comme ce qui se passait du temps de Giscard où l’UDF et le RPR alliaient leurs forces. Ceci étant il est important de réaliser qu’il s’agirait là d’un bouleversement majeur car, jusqu’à présent, à cause sans doute de la majorité absolue obtenue en 2017 par LREM, Les Républicains étaient dans l’opposition.
Puisqu’il n’y a pas pour l’instant de réaction officielle de la part de la présidence de LR on peut donc croire que le but était peut-être de lancer l’idée mais sans trop en parler, du moins avant les résultats du second tour, ne serait que pour ne pas décourager les électeurs ayant une sensibilité de gauche de réélire le président en place. Quant à la présidentielle en elle-même, même si le futur me donnera peut-être tort et bien que les sondages ne soient pas toujours fiables, je pense que même si le résultat est annoncé comme allant être serré, il aurait fallu que Marine Le Pen ait été en tête ou au moins à égalité dans les intentions de vote pour pouvoir l’emporter.
Donc dès qu’Emmanuel Macron aura été réélu l’on reparlera sans doute de ces possibles accords entre LR et LREM pour les législatives et même si cela ne plait pas trop et à juste titre à certains, nul doute qu’ils se réaliseront s’ils s’avèrent être utiles pour les 2 partis, soit avec la bénédiction de leurs instances dirigeantes soit d’une manière informelle car si les dissidents LR et LREM sont trop nombreux il sera peut-être difficile de vouloir les exclure.
Enfin ce « mariage » de LR et LREM, s’il se concrétisait, signerait certainement à plus ou moins long terme la fin du « flou macronien » (Macron deviendrait alors essentiellement « de droite », même s'il s'en défendrait) ainsi que le début d’un retour à un certain clivage gauche-droite et entraînerait peut-être à gauche, concomitamment à l’éventuelle et temporaire domination de La France Insoumise en quête d’un nouveau leader et des efforts d’EELV pour devenir plus crédible, l’émergence d’un nouveau parti social-démocrate modéré fraîchement créé.