2022 – Semaine 3

La voiture électrique au ralenti

 


Tout d’abord un constat : selon des résultats publiés fin décembre, sur les 1,6 million de voitures neuves vendues en France en 2021, moins de 150.000 étaient des voitures électriques et ce n’est seulement qu’à la quinzième place des voitures les plus vendues que l’on trouve une électrique, la Tesla Model 3, alors que les ventes des voitures thermiques atteignent encore le million. Certes il y a aussi les hybrides qui elles représentent environ 25 % des nouvelles immatriculations mais l’on peut considérer qu’il s’agit là d’une solution « provisoire ».
Faudra-t-il donc attendre l’an 2500 pour que la voiture électrique décolle et pourquoi, alors que l’on nous inonde de publicités pour les voitures électriques, leurs ventes ne démarrent-t-elle pas encore vraiment ? Sans doute pour les mêmes raisons que certains achètent des voitures hybrides, à savoir à cause des trop faibles autonomies de nombreuses voitures électriques et de l’absence de solutions adaptées de recharge. Bien sûr si vous avez une maison individuelle (avec garage) et que votre voiture électrique a une autonomie de plus de 500 kilomètres, vous pouvez déjà vous débrouiller mais si vous habitez en ville et disposez d’un petit budget vous allez certainement hésiter avant d’acheter une voiture électrique. En effet, en ville, il faudrait que l’on puisse à la fois stationner et recharger mais, pour l’instant, ce n’est pas le cas puisque le système proposé consiste à trouver une borne ou une place libre dans une station, ce qui n’est pas toujours facile, à recharger sa voiture puis à quitter les lieux dès que la charge, qui dure parfois plusieurs heures, est terminée. Et même si la multiplication des bornes de recharge est en cours et si la recharge rapide, quand elle est possible, permet de charger sa batterie à 80 % de sa capacité en 30 minutes, ce n’est pas pratique car après l’attente correspondant à la durée de la charge, il faut ensuite trouver à se garer ailleurs près de chez soi. Donc actuellement impossible de bénéficier de places de stationnement pour laisser sa voiture pendant une journée ou une nuit tout en rechargeant sauf dans les parkings publics qui ont l’obligation de proposer une borne par tranche de 20 places. Bref tout ceci demande bien des efforts aux possesseurs d’une voiture électrique alors qu’il ne faut que quelques minutes pour faire le plein d'un véhicule thermique. Et tant que les citadins ne pourront pas recharger facilement leurs voitures électriques, ils n’en achèteront pas.
Qui plus est il existe un autre problème, auquel personne ne pense pour l’instant, qui concernera un jour la voiture électrique qui est le coût des recharges des batteries. Actuellement, le but étant de convaincre le public d'abandonner sa voiture à essence, ce coût est faible, du moins chez soi où il faut compter environ 3 euros les 100 kilomètres (soit 3 ou 4 fois moins que pour un véhicule thermique) et aussi sur les bornes publiques (de 5 à 7 euros) mais pas sur les bornes ultra-rapides, comme celles des autoroutes, où l’on dépasse le coût du thermique avec un prix pouvant atteindre 14 euros. Mais, bien sûr, à l’avenir, quand la voiture électrique finira par se généraliser, il est presque certain que l’État essayera de retrouver tous les milliards que les taxes sur les carburants lui rapportaient pendant l’âge d’or des véhicules à essence. Alors non seulement l’électricité de toutes les bornes de recharge de l’espace public risquera d’être taxée à un niveau élevé mais peut-être aussi l’électricité correspondant aux recharges que l’on fera dans sa propre maison, probablement pas celles réalisées avec une prise domestique, qui prennent parfois jusqu’à 24 heures, mais assurément celles effectuées sur des bornes de type « Wallbox », beaucoup plus rapides mais qui nécessitent une puissance de compteur électrique élevée, formule qui, bien sûr, pourrait aussi être taxée en augmentant le tarif spécial du kWh correspondant aux recharges.
Bref l'utilisation des voitures électriques coûtera certainement, in fine, aussi cher, sinon plus, que celle de nos « tacots » actuels, mais l’on aura l'impression de ne pas polluer, à condition d'oublier la phase de construction de la voiture et de faire en sorte que les batteries soient bien recyclées.