2022 – Semaine 43

Le tout-électrique

 

Pour ceux qui ne l’aurait pas encore compris l’électricité va prendre dans les prochaines années de plus en plus d’importance dans nos vie ne serait-ce que parce qu’à partir de 2035 seuls les véhicules qui n'émettent pas de CO2 à l'usage pourront être mis en circulation, c’est-à-dire les voitures électriques et à hydrogène. Pour faire rouler ces voitures une grande quantité d’électricité va être nécessaire (y compris pour produire le gaz H2 des voitures à hydrogène) et par exemple pour l’équivalent du parc d’automobiles actuel, soit 40 millions de voitures, l’on va avoir besoin pour les faire rouler quand elles seront toutes électriques de 112 Twh (milliards de Kw-heure) qui viendront s’ajouter aux 175 Twh consommés actuellement par les particuliers, la production totale d’électricité en France se situant aujourd’hui aux alentours de 460 Twh. Évidemment ces 112 Twh représenteront une hausse importante des besoins en électricité (environ 25 %) et la première chose qui vient à l’esprit est qu’aujourd’hui, en 2022, alors que l’on n’a pas encore ces 40 millions de voitures électriques, on craint de ne pas pouvoir passer l’hiver prochain sans coupures.
De plus on ne sait toujours pas, puisqu’il semblerait que ce soit presque la seule possibilité que nous ayons à notre disposition pour produire beaucoup d’électricité sans CO2, si le parc nucléaire va pouvoir être non seulement renouvelé mais même augmenté, aucun EPR n'étant actuellement en fonctionnement en France, les projets de ce type ayant tous connu des retards importants, même si la récente mise en service d’un EPR en Finlande, EPR construit par le français Areva, redonne un peu d’espoir à la filière. Car il va sans dire que si l’on utilise du gaz ou du charbon pour produire l’électricité ou l’hydrogène des voitures ce ne sera pas vraiment ce que l’on peut appeler une réussite.
Mais au problème de la capacité de production viendra s’ajouter un autre problème pour les futurs utilisateurs de voitures électriques qui est celui du prix auquel sera vendue l’électricité. Pour les particuliers ayant une maison il existera peut-être 2 tarifs, un tarif pour faire fonctionner tous leurs équipements électriques, dont la consommation sera sans doute en augmentation avec la multiplication des climatiseurs et des pompes à chaleur, et un tarif pour recharger leur voiture électrique, un second tarif sans doute plus élevé ne serait-ce que pour compenser le manque à gagner pour l’État dû à la disparition des voitures thermiques. Mais pour ceux qui n'ont pas de maison cela risquera d’être la jungle. Aujourd’hui, pour les carburants, avec une fiscalité qui représente entre 55 et 60 % du prix total, les prix ont tendance en temps normal à s’harmoniser mais qu’en sera-t-il pour des bornes offrant des services différents, des charges lentes, rapides, des superchargeurs, se situant en agglomération, sur des sites publics, des parkings, des stations-services ou des aires d'autoroutes ? L’on risque donc d’avoir toute une série de prix que l’on aura peut-être du mal à assimiler.
En tous cas une chose est sûre dans les décennies futures nous aurons plus que jamais besoin de l’électricité et cette dépendance modifiera nos comportements et nous obligera à réfléchir par exemple à ce qu’il conviendra de faire en cas de production insuffisante et de risque de coupures : faudra-t-il couper prioritairement l’électricité des bornes de recharge des voitures électriques, celle des entreprises ou tout le monde sera-t-il traité de la même manière en fonction de sa zone géographique, y compris les logements ?
Pour les voitures électriques même si l’on pense que l’on va réussir à solutionner le problème du nombre de bornes de recharge et ainsi réduire le temps qu’il va falloir passer pour recharger, il restera tout de même à espérer que les prix d’achat des voitures et celui des recharges resteront raisonnables sinon les personnes modestes devront se passer de voiture et même déménager si elles habitent loin de leur lieu de travail.
Ceci dit en principe on ne revivra pas des situations de pénurie comme celle que viennent de nous offrir des salariés du raffinage qui a perturbé des millions de personnes bien que ce ne soit pas totalement une certitude, certains grands groupes pouvant se constituer avec tout ce qui va avec, TotalEnergies par exemple, en ce qui le concerne, proposant déjà son propre réseau de recharge haute puissance pour voitures électriques sur autoroutes et voies rapides.