2022 – Semaine 46

Les bateaux de migrants en Méditerranée

 

L’on a reparlé, la semaine dernière, des bateaux de migrants qui tentent de rejoindre l’Europe en traversant la Méditerranée avec le refus de l’Italie d’accueillir le navire humanitaire l’ « Ocean Viking » de l’ONG « SOS Méditerranée » ayant à son bord 234 migrants. Tout d’abord il faut savoir que le nombre de réfugiés et de migrants effectuant cette traversée vers l’Europe est en diminution puisqu’après le pic de 2015 qui aurait atteint plus d’un million de personnes (dont la moitié était des Syriens fuyant la guerre dans leur pays) il ne s’élèverait plus qu’à 123.300 en 2021. Beaucoup de ces migrants transiteraient par la Libye et la majorité d’entre eux proviendrait du Niger, d’Égypte, du Soudan, du Tchad et du Nigeria.
S’il y a quelques années, des pêcheurs pouvaient prêter ou louer leur embarcation aux migrants qui voulaient rejoindre les côtes européennes à partir de la Libye, la Turquie ou la Tunisie, il semblerait qu’aujourd’hui des réseaux internationaux de criminalité organisée aient pris le relais et que les migrants doivent payer entre 400 et 2.000 dollars pour la traversée. Les bateaux sont souvent des embarcations de fortune, parfois même des bateaux gonflables en mauvais état mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, beaucoup parviennent seuls à destination puisque par exemple pour l’Italie depuis le 1er janvier de cette année sur les 67.000 migrants arrivés sur ses côtes (selon le ministère italien de l'Intérieur) seulement environ 9.000 auraient été débarqués par les navires des ONG humanitaires. Ceci dit il est presque certain que lorsqu’un navire humanitaire rencontre un bateau de migrants il les accueille à son bord même si leur bateau n’est pas en train de couler, pour plus de sécurité. Mais malheureusement puisque les navires humanitaires ne peuvent pas être partout certains bateaux de migrants font naufrage sans être secourus et sur les 123.300 migrants ayant traversé la Méditerranée en 2021, 1.920 sont morts, soit deux fois plus qu’en 2020. Cette tragédie qui concerne presque un migrant sur cinquante suscite de nombreux commentaires, par exemple celui de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) appelant les gouvernements à élaborer des « alternatives » pour que les réfugiés et migrants n’aient pas à se lancer dans des périples qui mettent leur vie en danger.
Médiatiquement et politiquement parlant on a principalement 2 types de réactions, pour certains des réactions de rejet que l’arrivée, surtout si elle est contrariée, d’un énième navire humanitaire sur les côtes européenne ravive puisque cela leur donne l’impression, même si cela ne concerne que quelques centaines de migrants, qu’il s’agit d’une sorte d’invasion, mais aussi pour d’autres des réactions de sympathie de la part de tous ceux qui soutiennent les migrants et qui souhaiteraient trouver une solution pour que les traversées ne provoquent plus de décès. Ceci étant il faut bien comprendre que l’alternative souhaitée par ces derniers et par l’ONU reviendrait à ce que les pays devant accueillir les migrants organisent eux-mêmes la traversée de la Méditerranée d’une manière sûre grâce à des navires qu’ils affrèteraient spécialement pour l'occasion mais que cela ne serait sans doute pas possible car les opinions publiques européennes où l’extrême droite est en constante progression en partie à cause de l’immigration ne l’accepteraient pas. Qui plus est cela ne correspondrait pas avec la volonté de certains de diversifier les origines puisqu’il s’agirait là d’une immigration purement africaine.
Il semblerait donc qu’il n’existe pas de solution à ce problème si ce n’est celle où les migrants, aidés chez eux, renonceraient à quitter leur pays. Mais pour l’instant à partir du moment où tout migrant ayant réussi à traverser est quasiment assuré de ne pas être reconduit dans son pays, ne serait-ce que parce qu’il l'a fait au péril de sa vie (même si quelques-uns pensent qu’un retour serait peut-être tout de même envisageable après quelques mois consacrés à se reposer pour oublier l’épreuve), pour l’instant il est quasiment certain que les traversées de la Méditerranée vont continuer dans les mois et années à venir, du moins tant que nous aurons une politique migratoire consistant à accueillir « ceux qui se présentent ». Certes nous allons avoir besoin de nouveaux arrivants pour palier un taux de fécondité insuffisant mais il reste à savoir si ces nouveaux arrivants ne doivent être que ceux qui, en provenance d’Afrique, traversent la Méditerranée en risquant leur vie.