2022 – Semaine 51

Le scandale des paris sportifs

 


Vous avez peut-être parié, gagné ou perdu, à l’occasion de la Coupe du monde de football qui vient enfin de s’achever ou vous êtes peut-être allergique au sport et aux paris sportifs mais permettez-moi, en quelques lignes, de vous dire ce que je pense de ces paris sportifs. Tout d’abord qu’ils n’ont été autorisés qu’en 2010, qu’ils sont soi-disant régulés par l'ANJ (Autorité nationale des jeux) et que pour une mise de 100 € l’État prélève 5,70 € d’impôts, la Sécurité sociale 1,80 € et le Centre national pour le développement du sport également 1,80 €, ce qui fait au total 9,60 % de la mise. Je ne vous énumérerai pas toutes les possibilités existant pour parier sur les plateformes de paris sportifs (bookmakers) car elles sont nombreuses, par exemple pour le football outre le fait de parier sur la victoire d’une des 2 équipes, on peut le faire sur le total de buts, sur les buteurs, sur le score exact etc., mais ce qu’il faut retenir c’est que les cotes sont souvent faibles (moins de 2 à maximum 7 ou 8) donc les gains limités si bien qu’il faut souvent miser quelques centaines d’euros pour espérer gagner (quand on gagne) quelques milliers d’euros ce qui fait que l’on ne devient pas millionnaire grâce aux paris sportifs. Les gains (donc les mises) sont aussi limités par les sites de paris sportifs, par exemple à 150.000 euros par pari pour « Parions Sport » de la FDJ. Le scandale quant à lui consiste à être obligé de miser plusieurs centaines d’euros pour gagner un peu, par exemple pour le match France Maroc du mardi 13 décembre une mise de 500 euros pour la victoire de la France n’a rapporté que 275 euros (775 - 500) et aurait rapporté 3000 euros (3500 - 500) si le Maroc l’avait emporté. Quelqu’un qui parie 500 euros mise autant en un seul jour et pour un seul match qu’une personne jouant un Loto simple une fois par semaine pendant plus de 4 ans. Évidemment étant données toutes les possibilités même celle de pouvoir parier sur la victoire des 2 équipes l’on gagne souvent mais il arrive aussi que l’on perde et quand c’est le cas on perd, si on les a misés, quelques centaines d’euros. Dans ces conditions la politique de prévention contre les dangers des jeux (pertes d’argent, conflits familiaux, addiction) qui existait bien avant l’autorisation des paris sportifs n’a plus aucun sens.
A noter que les mises des paris sportifs auraient atteint 7,9 milliards d’euros en 2021 dont 64 % pour le football et sur la totalité des 4.500.000 de joueurs moins de 1 % d’entre eux auraient gagné plus de 1.000 euros. Il existe encore des joueurs raisonnables puisque la dépense moyenne annuelle des mises des paris sportifs se situerait aux environs de 300 euros mais de grands événements sportifs tels que la Coupe du monde de football sont bien sûr de nature à inciter à miser davantage. A noter aussi que 72 % des parieurs ont entre 18 et 35 ans et que 15 % d’entre eux auraient une pratique problématique selon Santé publique France.
Et si vous n’êtes pas encore convaincu que les paris sportifs sont dangereux et ne présentent aucun intérêt sachez que vous serez en quelque sorte exclus des plateformes de paris si vous avez tendance à trop et à trop souvent gagner car alors on va tout simplement limiter les sommes que vous pourrez miser. Tout ceci pour dire que l’on a autorisé des jeux qui non seulement ne permettent pas de devenir riche mais qui ont aussi tendance à favoriser les dépenses excessives et à créer des addictions. Mais ce qui fait bien sûr le succès des paris sportifs c’est qu’ils sont liés à des sports et que les personnes qui aiment ces sports, les « supporters », sont irrésistiblement attirés par ces paris qui leur permettent de s’impliquer davantage dans leur passion et, du moins le croient-ils, de gagner de l’argent grâce à l’expertise qu’ils ont. Il s’agit donc d’une tromperie mêlant l’attrait du sport, l’appât du gain et la croyance selon laquelle on est capable de savoir quels seront les résultats.
Faute de pouvoir supprimer les paris sportifs il faudrait pourtant essayer de les réformer en augmentant considérablement les cotes (pour gagner beaucoup en misant peu) par exemple en créant des paris « difficiles », où il s’agirait de connaître non seulement le score final mais de savoir approximativement à quelle heure chaque but ou point serait marqué, et en diminuant le nombre de paris simples consistant à seulement deviner quelle équipe ou quel joueur va gagner en fixant la mise maximale, pour ces paris, par exemple à 50 euros. Cela aurait l’avantage de limiter un peu les « dégâts ».