2022 – Semaine 9

Le fourvoiement poutinien

 


Bien sûr quand un dictateur tel que Poutine envahit un pays voisin pacifique comme l’Ukraine on se demande quel est en fait son but et s’il n’est pas devenu fou. Pourtant si l’on prend en compte le fait que la Russie n’est pas seulement une dictature mais un pays marchand et exportateur, principalement d’énergie (gaz et pétrole), on se dit que l’on se trouve peut-être en fait dans une situation semblable à celle de la fable de la grenouille et du scorpion, c’est-à-dire que nos pays sont liés économiquement parlant avec la Russie et que les 2 parties ne peuvent pas aller trop loin dans leurs actions étant donnée leur interdépendance. Les Européens ne peuvent pas, du moins avant un an ou 2 et sans de grands efforts, se passer totalement par exemple du gaz russe dont 80 % des exportations se font vers l’Europe et la Russie a tout intérêt à continuer à le vendre à l’Europe.
Concernant le conflit armé, Il est donc fort probable qu’une fois l’Ukraine conquise, la Russie accepte au bout d’un certain temps de se retirer après avoir eu des garanties que ce pays soit démilitarisé, qu’il renonce définitivement à faire partie de l’OTAN et après avoir sans doute placé au pouvoir quelqu’un de favorable au régime russe.
Mais selon moi Poutine se trompe s'il pense qu’après cet événement tout redeviendra normal et que, après s'être rassuré concernant ses frontières, son pays restera, en particulier pour l’Europe, le fournisseur d’énergie qu’il était jusqu’à présent. Il n’a sûrement pas compris que commercer avec un dictateur n’est acceptable que si celui-ci se tient à peu près tranquille et n’a pas d’attitude belliqueuse. Et il suffirait que suite à son action guerrière les prix du gaz ou du pétrole flambent et même qu’une crise économique éclate pour que la faute lui en soit totalement attribuée et que son régime soit détesté de tout le monde. Il a bien sûr dû prévoir que ses relations commerciales avec l’Europe pourraient être perturbées et c’est pourquoi il a fait des économies et envisagé d’autres solutions comme celle de se tourner vers la Chine à qui il pourrait vendre son gaz, grâce à la construction de nouveaux gazoducs, signer des accords ou même trouver des financements. Mais rien ne garantit que cette solution soit viable car elle dépendra du bon vouloir de la Chine et des relations que celle-ci entretiendra avec le reste du monde.
Dans ces conditions il est tout à fait possible que de nombreux pays cherchent désormais à s’approvisionner ailleurs qu’en Russie et plus cela leur sera difficile de le faire plus la détestation du régime russe augmentera et je pense même que le boycott des produits russes, le temps passant, se renforcera. Poutine lui croit certainement qu’un pays comme le sien disposant de ressources si prisées va forcément pouvoir les vendre, à n'importe quel prix, mais si une proscription forte est mise en place, la Russie risquera d’être enfermée pendant des années dans un isolement dont son peuple souffrira sans doute mais qui ne pourra prendre fin que lorsque Poutine et son régime autoritaire auront été remplacés par quelque chose de plus démocratique. En d’autres termes la chute de Poutine sera sûrement l’objectif prioritaire à atteindre, du moins pour les pays occidentaux. Quant aux ressources elles pourront être exploitées et achetées plus tard, quand il ne sera plus au pouvoir.
Pour en revenir à l’Ukraine l’on pense ordinairement que celui qui prend l’initiative d’une opération militaire a un but bien précis et est assuré que la situation qui en résultera sera meilleure que la précédente pour lui et son pays mais, concernant la Russie, suite à son attitude actuelle, cela ne sera sans doute pas le cas. Poutine avec ses ambitions de grande Russie et son armée impressionnante aura donc perdu sur tous les points car il n’aura pas compris qu’employer la force n’est plus une chose acceptable dans le monde d’aujourd’hui, sauf pour se défendre mais en tous cas pas pour attaquer, et qu’il convient plutôt de chercher à entretenir de bonnes relations avec ses prochains.
Pour terminer un proverbe russe : Тот, кто бросает крапиву в дом своего соседа, увидит, как она растет в его саду. (Qui jette des orties chez son voisin les verra pousser dans son jardin.)