Janvier 2024

Le RAP de tous les dangers

 

En une époque où certains s’inquiètent de la progression de l’ensauvagement chez les jeunes et évoquent même parfois quand ils sont d’origine étrangère le défaut de notre modèle d’intégration, je crois qu’il faut s’intéresser à la musique préférée des jeunes à savoir le Rap. Tous les jeunes n’écoutent pas du Rap, en tous cas du Rap français, mais tout de même une grande majorité l’apprécient (73 % et même 78 % pour les 14-24 ans dont environ 60 % sont de sexe masculin) et ce qui pose bien sûr problème avec le Rap ce sont ses paroles et les thèmes qu’il aborde.
Bien sûr ce n’est pas vraiment une première et les paroles du Punk, genre musical dérivé du Rock, en avaient déjà surpris plus d’un à la fin des années 70. Il existe un Rap plutôt inoffensif comme celui de MC Solaar à ses débuts («  Le vent souffle en Arizona Un état d'Amérique dans lequel Harry zona ») mais si l’on prend un rappeur même plutôt respectable comme Booba, qui critique Cyril Hanouna et combat les influenceurs véreux, si l’on lit ses paroles, choisies presque au hasard, on obtient tout de même le résultat suivant : «  J'nique des mères à toute vitesse, ma queue a syndrome de la Tourette /… Si t'as un gros cul t'as tout c'que j'aime / Tu n'baises pas la première-fois ? / Moi je ne baise pas la deuxième / Dans le sang humain si je dois m'noyer (Génération Assassin) Ici on est tranquille, loin de tout parasite / Baby, fais moi la bise, puis, suce moi la bite / Ok je suis vulgaire, les bourges en chopent des ulcères / Quand ils écoutent ce qui sort d'ma bouche (Le Duc de Boulogne) Pas comme dans l'lit d'Johnny Hallyday / La pute à ma gauche écoute « Validée » La pute à ma droite est cocaïnée / Aucune d'entre elles ne sera câlinée / Les deux vont sucer fort, c'est ça l'idée (JDC) Si j'tue un fils de pute, y'a pas mort d'homme (Drapeau noir) J'aime l'argent mais je préfère avoir le temps / Tu as l'arme, encore faut-il avoir le cran / Pour le trône, tout se règle par le sang (Trône) Plutôt crever que taffer à l'usine / La luxure m'aura à l'usure peut être (Au bout des rêves). » Et puisqu’il y a bien pire si l’on imagine ce genre de chose tournant en boucle pendant 5, 6 heures par jour dans les oreilles d’un jeune on comprend bien les ravages que vont faire ces paroles sur son esprit et l’on peut même dire qu’il s’agit d’une des principales raisons de ce que certains appellent l’ensauvagement des jeunes. Évidemment les amateurs par exemple de récits de meurtres ou de polars où les morts se comptent par dizaines, ne deviennent pas tous, en principe, des meurtriers mais il me semble qu’il existe avec les paroles du Rap, comme souvent avec les chansons, un processus d’identification, l’auditeur reprenant à son compte les paroles du chanteur. Bien sûr la liberté d’expression doit exister mais si l’on veut chercher les raisons qui font que certains jeunes sont particulièrement violents et ont des comportements agressifs, je crois qu’il faut tout simplement examiner les textes du Rap. Bien entendu l’on ne peut pas aller contre un phénomène de mode mais il n’est pas interdit de dire que ces paroles véhiculent très souvent de la violence et de la vulgarité et même aussi, pour le Rap masculin, de la misogynie.
Quant à ce qu’est le Rap comme genre musical je crois qu’il est utile de dire que s’il dure depuis 40 ans c’est avant tout parce qu’il ne nécessite de la part de ses auteurs aucune connaissance musicale. En effet la « musique » se crée toute seule avec quelques outils ce qui fait que de nombreux jeunes ayant une certaine aisance avec l’expression orale et capables d’écrire des textes souhaitent devenir des rappeurs. Cette facilité à accéder au statut d’artiste dans l’univers du Rap va peut-être avoir comme conséquence qu’il risque de s'éterniser, malgré la lassitude, alors qu’en principe les autres genres musicaux disparaissent naturellement au bout de quelques dizaines d’années. Je ne parlerai pas de la façon qu’ont les rappeurs de « scander », c’est-à-dire de prononcer des phrases en détachant les groupes de mots et les syllabes avec souvent une manière « virile » de le faire et des intonations agressives, mais il faut bien reconnaître que le Rap est une musique simpliste, facile à créer et « inécoutable » sans les paroles. Quant à ce que les rappeurs ont à dire c’est bien sûr un mélange de révolte et de dénonciations diverses mais ils conduisent aussi souvent leurs auditeurs dans des domaines plus sombres comme ceux de la violence et du banditisme. Et puisque son nom proviendrait du verbe to rap signifiant « discuter », je crois qu’il serait temps de mettre fin à cette discussion.