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Aussitôt son coup de force accompli et la réforme des retraites promulguée, Emmanuel Macron s’est donné 100 jours pour relancer son quinquennat. D’après ce que nous avons déjà vu cette relance va consister pour le Président à effectuer un grand nombre de déplacements en France et pour ses ministres à annoncer des mesures en tous genres. Je ne vous citerai pas la liste de tous les déplacements déjà réalisés ou à venir d’Emmanuel Macron (un à deux déplacements prévus par semaine jusqu’au début de l’été) ni la nature des mesures annoncées par ses ministres mais, concernant les déplacements, même s’il s’agit parfois seulement d’évoquer des problématiques à résoudre, de célébrer Jean Moulin ou de se réjouir d’une implantation d’une usine de fabrication de batteries, un Président ne peut pas toujours venir les mains vides, même s’il se trouve alors en contradiction avec l’engagement du gouvernement de réduire la dette publique, puisque par exemple lors d’un déplacement en Charente-Maritime il a annoncé vouloir débloquer 1 milliard d'euros par an pour le lycée professionnel.
Ceci dit il faut constater que les sujets abordés par Macron lors de ses déplacements et ceux rajoutés par ses ministres avec leurs annonces ont été incroyablement nombreux, à tel point que l’on a eu du mal à suivre, comme s’il s’agissait avant tout de nous éblouir et de nous étourdir. Face à ce raz-de-marée de sujets l’on pense bien sûr que le but non avoué de la majorité était de faire oublier la réforme des retraites et ce d’autant plus facilement que le mouvement social semble être presque terminé (dernière manifestation le 6 juin ?) mais l’on peut aussi se demander si l’objectif principal n’était pas d’annoncer pour annoncer. Par exemple Gabriel Attal, ministre du Budget qui mène actuellement une lutte contre la fraude (fiscale et sociale), dont il est fier sans doute parce qu’elle est, une fois n’est pas coutume, en harmonie avec le surendettement du pays, Gabriel Attal a estimé que la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale pourrait rapporter entre 80 et 100 milliards d’euros par an et celle contre la fraude aux prestations sociales 6 à 8 milliards d’euros chaque année mais il est quasiment certain qu’au final même si les effectifs des contrôleurs étaient décuplés l’on ne récupérera au maximum que 20 % de ces sommes. Il s’agit donc d’une annonce destinée à séduire et à obtenir les faveurs du public.
Et une fois que l’on a constaté que tout ceci est avant tout de l’agitation et que l’on s’est remémoré la déclaration d’Emmanuel Macron effectuée le 17 avril : « Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France » l’on se demande bien sûr quel est le but de toute cette effervescence. Il y a bien sûr la situation particulière où se trouve Macron, qui ne peut presque rien faire désormais à part changer de première ministre puisqu’il ne peut dissoudre l’Assemblée sans prendre le risque d’avoir encore moins de députés aux législatives qui suivraient, et qui doit encore « tenir » 4 ans en espérant que les « casseroleurs » finiront par se lasser et, dans une certaine mesure, s’agiter peut faire croire que l’on existe puisque l’on agit mais je crois que Macron se comporte comme il le fait pour une raison plus sérieuse.
Emmanuel Macron veut se faire « pardonner » et souhaite que les Français, surtout ses anciens électeurs, pensent qu’à part le comportement volontairement sournois qu’il a eu en employant le 49.3 pour reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ans, tout le reste de sa politique est acceptable. Bien sûr il ne peut être réélu donc peu lui importe, en principe, d’être mal-aimé mais il pense à la prochaine présidentielle de 2027 où il serait désastreux qu’un candidat RN ou LFI accède au pouvoir. C’est donc pour perpétuer la « Macronie », pour qu’un candidat de ses amis puisse lui succéder, en critiquant très légèrement (pour la forme) son emploi du 49.3 pour les retraites, qu’il a décidé, sans doute aidé en cela par ses cabinets de conseil, d’adopter une attitude hyperactive pendant 100 jours, bref de créer de l’agitation. Ceci étant un mois à peine après le début des 100 jours l’on vient déjà de constater un ralentissement, peut-être volontaire tant le rythme du début était effréné, des annonces et des déplacements. Donc même si pour Macron l’objectif reste le même : se faire pardonner, il n’est pas assuré que l’hyperactivité soit forcément LA solution.
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