LE PIÈGE DES DROITS DE DOUANE
« Pendant des décennies, notre pays a été volé, pillé, violé et mis à sac par des pays, proches ou lointains, amis ou ennemis »
N o n cette phrase n’a pas été prononcée par une personnalité d’un pays sous-développé mais par le Président actuel des États-Unis, première puissance mondiale, et si elle ne peut pas vraiment émouvoir les pauvres Européens que nous sommes elle sert à justifier des actions consistant à affoler le monde entier en menaçant d’augmenter de façon déraisonnée les droits de douanes et en concrétisant ces menaces à des niveaux variables. Ce qu’il faut à mon avis comprendre c’est que dès le début de son second mandat le Président américain a annoncé 3 types d’actions qu’il comptait mener : tout d’abord la prise de MESURES SOCIÉTALES caricaturales en totale rupture avec celles de son prédécesseur qui, bien que ne concernant que les États-Unis, sont bien sûr connues du monde entier, mesures que l’on peut qualifier d’extrême droite en réaction d’une manière exagérée à ce que certains appellent le « wokisme ». Le second type d’actions sont des ACTIONS GÉOPOLITIQUES (annexion du Groenland, pressions pour que le Canada devienne le 51ème état américain, ultimatum lancé contre l’Iran concernant le nucléaire, contrôle de la bande de Gaza, fin de la guerre en Ukraine, désengagement des États-Unis de la défense de l’Europe, bras de fer avec la Chine etc.) qui, bien certaines paraissent à première vue délirantes, pourraient peut-être se concrétiser, du moins en partie, grâce au troisième type d’actions prévues que sont les DROITS DE DOUANE.
En effet les droits de douane, comme on l’a vu, ont permis de rappeler au monde entier que les États-Unis étaient assez puissants pour pouvoir affaiblir, simplement en fixant des taux élevés pour les produits entrant sur son sol, tous les pays commerçant jusqu’à présent avec eux. Le but officiel est d’inciter les entreprises étrangères à s’installer sur place pour ainsi échapper aux taxes mais je crois que les droits de douane sont avant tout destinés à montrer la force des États-Unis et à semer la pagaille car l’Eldorado promis ne sera peut-être pas aussi brillant qu’annoncé. En effet le souhait que les Américains puissent devenir encore plus riches alors qu’ils le sont déjà beaucoup et puissent consommer encore plus alors qu’ils sont déjà les plus gros consommateurs de la planète peut paraître quelque peu absurde et n’est peut-être pas le but premier. Bien sûr les États-Unis subissent un déficit dans leurs échanges commerciaux mais ils auraient pu essayer de régler ce problème d’une manière progressive et beaucoup moins agressive et c’est donc volontairement, sans doute pour rendre possibles par exemple certaines actions géopolitiques, qu’ils ont affolé la planète. En tous cas il faut comprendre que même si ce pays devenait 2 fois plus riche cela ne règlerait pas du tout son problème de pauvreté (environ 11 % de la population) qui est essentiellement dû à une carence importante de protection sociale efficace, carence qui va bien sûr perdurer à cause d’une réelle absence de volonté d’y remédier.
Le problème avec les droits de douane est que cela risque de durer très longtemps, avec des hausses, des baisses, des annulations, et que tous ces épisodes seront très médiatisés étant donné les conséquences qu’ils pourront avoir sur les économies de nombreux pays et la pagaille qu'ils entraîneront. L’on risque donc d’avoir très longtemps une overdose d’informations sur ce sujet et même si l’image plutôt bonne dont jouissaient les États-Unis jusqu’à présent dans le monde entier va peut-être se dégrader (risque sans doute calculé) cela nous rappellera à chaque fois que nous sommes très petits et très faibles en comparaison à eux et qu’ils peuvent donc (presque) faire tout ce qu’ils veulent par exemple régler à leur manière certains problèmes géopolitiques en menaçant si besoin d’augmenter les taxes de ceux qui s’y opposent. Et des droits de douane élevés provoqueront un réel appauvrissement de nombreux pays, en particulier les pays européens ayant déjà à trouver des financements pour rendre possible le réarmement de l’Europe et parmi eux les plus touchés seront certainement ceux ayant déjà une dette publique gigantesque.
Il reste bien sûr à savoir si tout ceci fait vraiment partie d’un plan précis et donc si le Président américain fait parfois semblant de « déraper » lorsqu’il exprime certains avis qui semblent excessifs ou si une partie de ces excès est imputable à son « caractère », à son âge (78 ans) ou au fait que lorsque l’on est Président on peut ne pas tenir compte de certains conseils.
Enfin concernant une possible alternance politique qui pourrait avoir lieu dans 4 ans et qui, grâce à un virage politique à 180 degrés, pourrait tout effacer en mettant fin aux processus en cours comme celui des droits de douane utilisés de manière stratégique, il faut réaliser qu’après cette hypothétique alternance le retour au pouvoir, par exemple 4 ans plus tard, du parti radicalisé du Président américain actuel serait toujours possible et l’on peut donc penser que tant que ce parti ne se sera pas « déradicalisé » le problème subsistera.
En conclusion selon moi nous avons affaire actuellement à une offensive économico-politique majeure, offensive à laquelle nous nous devons de réfléchir de manière globale pour trouver la meilleure attitude à adopter et ceci bien que certains pensent que ce « plan » va forcément échouer « naturellement » en raison de la trop forte inflation qu’il créera aux États-Unis, ce qui n’est malheureusement pas une certitude puisqu’il semble être modulable et donc être capable de s'adapter.